― HELTERSKELTER
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 Lambda C. Clayfinger

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Message
MessageSujet: Lambda C. Clayfinger   Lambda C. Clayfinger I_icon_minitimeSam 15 Jan - 12:59

Lambda C. Clayfinger

visitorunborn criminal

Lambda C. Clayfinger

→ MESSAGES : 2
→ CITOYENNETÉ DEPUIS : 15/01/2011




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Lambda C. Clayfinger 281tox2
© CREEPY BEE
MELANIE THIERRY

Carmelita Clayfinger
Dix-neuf petites années, siphonnée à fière allure. Pas de quoi être jaloux.
Prudent polichinelle, vivace petit goule talonnant son bienheureux maître vorace.

« I'VE GOT THE TUNE »








❝ START - UN JOUR, UN VISAGE
NOM, PRENOMS : Lambda, dite Carmelita Clayfinger
DATE DE NAISSANCE, ÂGE : 27 janvier
ORIGINES : Anglaises
GROUPE : Knight and Bishop
JOB :

❝ TWO - LES MENSONGES DES INSOUMIS
Papa, il était pasteur un peu ivrognard sur les bords. Et comme un soir, revenant du bar, il avait un peu trop bu, il décide de reprendre sa vie en main. Dieu, piaille-t-il, lui a soufflé un divin et sublimissime projet. Il se mariera, et aura 24 enfants, qu'ils appellera tous d'une lettre de l'alphabet grec. Résultat, au bout du onzième et dernier mioche, il s'est arrêté, foudroyé par une rupture d'anévrisme. Paf. Après un doux instant d'ébulition, la veine s'est rompu, ensanglantant cette cervelle crédule, pour de bon. La noyant comme un oeuf irrésistiblement imperméable. Ultime damnation d'un créateur peu reconnaissant. Cependant que la gamine trépigne sur un coussin, bavant devant une journaliste, qui, toute tremblotante, montre de macabres photos. Meurtres en séries, balbutie-t-elle. Et pendant que la chevrottante créature attise la folie de la bichette, le pasteur s'effondre, et plonge son nez aquilin dans un bol de soupe froide.
Depuis, la frétillante bestiole s'est mise au service du plus offrant, scalpant père noël et tout autre créature passant sous le stylo. Danseuse de flamenco sans véritable but si ce n'est une existence d'errance, elle a du moins, songe-t-elle, la bénédiction de Dieu tout puissant auquel elle a confié ses trippailles bileuses. Soeur Supplice poursuivant en son monde restreint deux galoppins : rembrandt et Irina. Une fois éteints, elle pourra rentrer dans une maison de Dieu, et, qui sait, y demeurer jusqu'à l a décrépitude ?

❝ THREE - FACE AU SOLEIL LEVANT
Elle s’avance, près de la porte d’entrée, plaquée au mur. Tendue. Les mains enserrant avec angoisse la poignée de l’arme. Ses cheveux blonds délicatement hérissés par la chair de poule. Alors même que Lambda sent la terreur perler jusqu’à la commissure de ses lèvres. Et dans ce long instant d’appréhension, la fille cherche à faire abstraction du crissement du plancher, des braillements qui émanent des diverses chambres. Elle allait le massacrer, cette sale petite enflure. Lui laisser toute juste assez de chair sur le visage pour qu’on l’identifie comme victime d’un meurtre. Lui qui en avait commis un de trop. Elle l’étranglerait d’abord à moitié, avec une jubilation terroriste, l’assommerait d’une caresse. Et, quand il aurait repris ses esprits, elle commencerait son travail jusqu’à ce que ses trippes satisfaites consomment avec ennui la mort du supplicié.
Et autour d’elle, dans l’atmosphère saturée du musc de la terreur, ne planait jamais que cette agaçante ritournelle. Musique folklorique. Russe, sans aucun doute. Le rat avait bien choisit sa tanière, entouré d’une ribambelle de sac-à-vins tous plus douteux les uns que les autres, cuvant la journée pour pouvoir mieux recommencer le soir, en leur vie saccagée de misère et de bassesse. Alors, il finissait par noyer tout cela, cette chose hideuse qui semblait, avec les excès, tellement plus dorée. Quand bien même il aurait suffit de gratter d’un ongle hargneux cette frêle enveloppe. C’était déjà mieux que rien.
Lambda hume l’air. Et s’aperçoit que se mêle à ce joyeux tintamarre comme une odeur de fumée. Qui lascivement s’entortille entre ses neurones, et tente mièvrement s’apaiser sa colère. Après tout, n’est-ce-pas ce que lui dicte également sa raison ? La violence ne résout pas les choses. Cependant, l’image furtive éclabousse sa vue, et chasse toute la pesanteur hors de ses muscles. Avec la cervelle de son frère, éparse sur le tapis persan du salon. Des marques blêmes entourant son joli cou d’angelot sacrifié injustement. Avec, autour du son poignet, un ruban blanc. La couleur de l’innocence, de la pureté, lui avait souvent raconté Rembrandt. Mais il n’y avait bien que lui, cet esprit retord et sadique pour infliger un tel traitement à un gamin, à pousser la défonce jusque dans le salon de gens digne pour décharger, de vomir sa folie. Pauvre petite ordure, songe encore Carmelita. Et son cerveau s’abreuve de ces mots doux, qu’elle va sans doute bientôt pouvoir susurrer à l’oreille de ce précieux ami. Cet ami qui lui voulait tant de bien.
En plaquant l’oreille contre la paroi du mur pourrissant, elle entend un crépitement acide, associé à un léger bourdonnement de fond. Sans doute, le coupable se faisant griller un bout de viande, tout en écoutant une légère musique. Puis la musique russe virevolte de nouveau, et dans un vacarme déjanté, reprend sa sarabande infernale. Tous les bruits sont couverts, de celui de ses pas, qui glissent sur le plancher véreux, au beurre qui fond dans sa casserole. Et entoure le lard d’une onctueuse bave bulleuse.
Alors, sans même réfléchir, Lambda se décolle du mur, et attrapa la poignée de la porte, avec tant d’énergie, qu’il lui semble qu’elle va l’arracher, d’un moment à l’autre ; sans le faire exprès. Juste d’une telle promptitude. Et la musique s’en va decrescendo. Pour repartir de plus belle, accompagné d’un rire gras. La fille affermit sa prise, caressant presque maintenant l’objet déglingué, pressant son autre main moite sur le manche du katana. Puis fonce, tourne la poignée, ouvre dans un vrombissement tourbillonnant la porte décrépie. Et s’élance dans la pièce avec un cri de rage, sauvage. Ayant tout juste le temps de voir trois yeux, braqués sur elle. Elle sait qu’elle court, pourtant le temps semble figé, comme si elle n’avançait plus. Et par intermittence, le visage de Rembrandt change d’expression, sa petite bouche mutine se tord d’un rictus sournois, en cœur. Oui, il t’a bien eu. L’épée est haut au dessus de sa tête, et Rembrandt, sur sa chaise à bascule, est en face d’elle, le sourire au lèvre.
Et l’œil du canon la fusille soudainement.
N’ayant pas le temps de réagir, Lambda se sent pourtant vibrer à l’unisson avec son corps et son âme, lorsque Rembrandt appuie sur la gâchette. Il n’y a plus de musique. Juste son corps, repoussé par la décharge brutale et souveraine de la cartouche. Qui traverse en sens inverse la pièce. Et toute cette maigrelette distance parcourue est rebroussée. Jusqu’à ce que le mur la réceptionne, jusqu’à ce que sa colonne craque son l’impact.
Tandis que, suffoquant, la fille s’effondre un peu plus, sale petit paquet de linge sale, spectacle d’un instant à l’éminence folle régnant en ces lieux. Une mouche vole, semble éteindre méthodiquement tous les bruis. Et Lambda devient sourde, et insensible, n’a plus le goût salé du liquide tant attendu en bouche. Et amère, voit Rembrandt se lever de son rocking chair, les sourcils arqués par une surprise grandiose. La crosse du fusil contre le flanc, il écarta d’un coup de patte le katana qui gît aux pieds de sa maîtresse. Inanimé. Et terriblement inutile. Le corps de la fille se raidit, et pourtant sa poitrine palpite. Elle manque d’air, d’oxygène, mais chacune de ces bouffées lui déchire les côtes. Et lorsque sa vue, à son tour la lâche, il ne lui reste plus en ces ténèbres lumineusement douloureuses que l’odorat.
Il est là, c’est une évidence.
C’est son odeur. Une odeur forte, de toute évidence, légèrement poivrée, assortie d’un musc différent, carrément bestial. Sa peau trempée d’humanité se rapproche d’elle, et le banc d’odeur se déplace plus prêt, et devient envahissante, de telle sorte qu’elle l’imprègne. Et elle ne sait plus. Ayant envie de planter sa mâchoire une dernière fois en direction de l’odeur de graisse cuite.
Et enfin, l’inconscience libératrice.
***
Dans les contes de fées, toute princesse qui se respecte s’attend à recevoir un suave baiser de son prince charmant, qui, sitôt, l’embarqua sur son destrier pour une fastueuse lune de miel. Hélas, pour Lambda, la réalité n’était pas aussi charmante, ni aussi savamment coloré par un frère Grimm bien intentionné. Non, définitivement, les monde est trop mesquin.
Ce fut une baffe qui la tira de son bienheureux sommeil apaisant. Une baffe. Une main glacée hérissait sa peau, sans même lui laisser la force de grelotter. La douleur est là, palpable sous sa carapace poisseuse de sang coagulé, toute gluante et s’accrochant sans répit à son tee-shirt. La sueur est encore là. Quelle qu’en soit sa nature. Et brille désespérément sur son corps anguleux et déformé. Sa cage thoracique se soulève fébrilement, et enfin, ses yeux clos retrouvent la lueur aveuglante du jour.
Ou d’une lampe de poche à l’éclat virtuose.
Sa pupille se dilate pour aussitôt se rétrécir, agressée par tant de spontanéité. Mais suit néanmoins attentivement le visage qui se dessine derrière la lampe. Cette main qui secoue le manche orange criard de l’objet. Et la chaînette qui valdingue grossièrement à côté du néon.
« Ah, elle s’est réveillée. Pas trop tôt. »
Il tape la marchandise d’un bon coup de lampe de poche. Les os ne sont pas brisés, mais sa chair écarlate la brûle. Elle n’a pas droit à la parole, néanmoins. Elle est un bout de viande, après tout. Sans droit. Sans volonté. Raidie par un bon séjour en congélation, qui mériterait tout juste d’être rôtie, mais, qui, pour cause de piètre qualité, est destinée aux ordures. Et où balance t’on les ordures, me demandez-vous ? Dans une poubelle. Et lorsqu’il s’agît des humains, cette grande déchetterie s’appelle un cimetière.
L’herbe se mêle à ses cheveux, comme si mère nature voulait également se liguer contre celle, qui, finalement ne veut jamais que réclamer justice. Et comme nul ne saurait la lui octroyer, elle décide de faire justice elle-même. En vain. Il semblerait qu’elle n’y ait pas droit. La lumière s’éloigne, et la fille se met à hurler dans la nuit noire. Jusqu’à ce que le visage de Rembrandt ressurgisse dans son cadre de vision, ce visage vagabond où traine avec une langueur impudique la trace du mal le plus absolu, mêlé à un sadisme épicé. Il tapote la joue de la fille, avec un air de reproche, mais semble, dans le même temps avoir envie de lui arracher tous ces cheveux un à un. Une grande première. Rembrandt Caughan faisant preuve de modération ? Voilà qui devait cacher de bien vilaines choses. Mais elle ne pense plus à cela. Attendant juste qu’il approche un peu trop sa main, pour la chopper et mordre à pleine dents. Mais hélas, il a tout prévu. Il donne néanmoins un petite claque rassurante à la poupée aux boucles blondes, et lui tire gentiment la joue. On aurait envie de lui faire des papouilles. De la rassurer et de la serrer dans ses bras.
Puis soudain, sa tête se retourne, et Lambda perçoit qu’elle n’est plus le principal centre d’intérêt de son tortionnaire, tandis que son profil d’ange primitif se meut légèrement, et ses yeux errent au loin, en une direction qu’elle ne peut voir. Elle n’ose cependant pas parler. Non par crainte de l’individu, mais plus par résignation fatale. Puis que oui, dans ce cimetière, c’est aujourd’hui sa mort que l’on va pleurer. On déposera des fleurettes bariolées sur un monceau de terre fraichement remuée. Ou peut-être, tout simplement, marchera-t’on sur sa tombe sans même savoir ce qu’il y a là-dessous, dans un caisson miteux. En décalant légèrement sa tête, elle aperçoit par la suite la Deux-chevaux de Rembrandt, cette vieille carlingue pourrie, vague carcasse d’une autre ère sans doute plus clémente. Et son cœur déséchés s’anima alors, lorsqu’elle vit à côté de l’auguste épave une jeep. Rayée. Bizarre. Vraiment bizarre.
Voilà qui lui rappelait quelque fâcheux souvenir d’une époque où cet infernal trio s’amusant à faire de sanglante randonnée, ramenait les cadavres, respectivement dans leur auto. Alignant les trois bagnoles pour déposer leur cargaison, ils filaient par la suite dans le vent. Ou peut-être n’était-ce là que le résultat d’une hallucination, une chose qui ne s’était jamais produite. Trop d’imagination. Voilà une chose qu’on lui avait bien souvent reprochée.
Enfin, Rembrandt reporte son attention sur son gibier, et, de nouveau lui sourit avec une perversité engourdie de malfaisance. Et là, à ce sournois paysage vient soudain d’ajouter la tête de l’exécrable petite teigne du nom d’Irina. C’est ironique, songe t’elle. De devoir régler ses comptes en famille, et de ne pas posséder cette faculté de détachement qui permet au moins d’épargner une partie du troupeau. Mais non. Rembrandt, Irina et enfin Lambda, les meilleurs amis du monde, venus achever ce qu’ils avaient commencé ici. Avec une lâcheté conspiratrice, Lambda se mets alors à remuer sa mâchoire qu’elle sent légèrement tremblotante. Et une fois qu’elle en a repris pleine possession use ses cordes vocales pour émettre un cri rauque et terne. D’une voix de fumeuse usées par la cigarette. Ou celle d’une grand-mère paniquée. Elle ne sait elle-même que dire. Mais hurle, et sent ses poumons se gonfler de cette rumeur grotesque.
Cependant, son cri est vite interrompu. Et, pour le coup, comprends clairement que ses faibles vagissements ne feront que provoquer l’ire de ses souverains tortionnaires. Quelque chose craque et s’enfonce souplement dans ses muscles avant de reprendre leur place dans une élasticité prodigieuse. Coup de pied. Avec des bottes, devine-t-elle. Pointues. Et à tallons. Ce devait être cela qu’elle a éprouvé.
« Mais fermes-là, pauvre idiote. »
« Ménages la marchandise si tu veux t’amuser, Irina. »
« Et toi fermes-là aussi. Je te rappelle que tu m’as suggéré toi-même de venir régler mes comptes, non ? »
« J’avoue. Qui y aurait résisté ? »
Arborant un sourire satisfait.
« Certes pas moi, gazouille allègrement la fille. »
Les deux fous se retournent alors vers elle et Rembrandt présente à son champ de vision deux objets. La lampe de poche, et le bâillon.
« Tu sais, à la base, nous aurions pu rester amis, Carm'. Mais tu as tout gâché. »
Les autres ont toujours tous les tords.
« Alors voilà, tu as même essayé de venir nous tuer. C’est tout de même assez … lâche. Alors, pour me venger, je t’ai amenée ici. Après avoir délibéré longuement, nous avons trouvé un châtiment à la hauteur de ta trahison. Enfin, il te reste maintenant à choisir lequel tu préfères. Tu sais, j’imagine, de quoi il retourne, lorsque je te présente chacun de ces objets. Le premier, déclara t’il en exhibant d’un geste commercial, c’est un bâillon. Pour bâillonner les gens. Et on bâillonne les gens pour qu’ils ne hurlent pas. »
Très pédagogique.
Lambda jette un œil anxieux sur Irina. Qui bizarrement, tiens quelque chose le long de son corps svelte. Quelque chose, au manche vert, et, de l’autre côté, du côté des voitures, Lambda distingue comme … une boîte à outil posées sur le capot de la jeep. Une serpette ?
Et l’autre de continuer sa diatribe.
« Car oui, lorsque le corps humain souffre, il a une forte propension à exprimer sa douleur –corporelle, donc, d’une façon très irritante. Nous avons donc comme premier choix, décidé de faire montre de justice |i]correctionnelle|/i]. Tout en te laissant la vie sauve. Une leçon de vie, tout simplement, mais … »
« Abrège, Rembrandt. Je suis sûre qu’elle va prendre l’autre, de toute façon, grogne Irina, d’un claquement de langue exaspéré. »
« Très important d’informer le client. Mais bon. »
Il montre la lampe, tout sourire, de nouveau, et tapote toujours la joue de Lambda, dont les paupières papillonnent vaguement. Légèrement psychotique.
« Deuxième option. Nous faisons montre de beaucoup plus de sérieux, et en même temps de clémence. Sais-tu pourquoi nous t’avons fait venir dans un cimetière. Oh, et non, non non, ne réponds pas ! »
« Pour l’enterrer ! éclate Irina, comme pour débuter une chansonnette. »
« Tut tut tut ! N’effrayons pas nos invités. Quel manque de bienséance. »
Il se tortille pour masquer son excitation. Puis reprend, tout enthousiaste.
« Nous t’offrons ceci, pour que tu n’aie pas peur du noir. Et peut-être pourras-tu troquer ton paradis contre une lampe de poche. Ca doit être inhabituel au paradis, les lampes de poche, non ? »
Silence.
Alors, Lambda comprends qu’on attend une réponse d’elle. Ne cherchant à pas à se débattre, à peut-être décevoir ses tortionnaires. Les connaissant mieux que personne au monde, sans doute, partageant leur folie croissante. Pendant un temps, du moins. Jusqu’à ce que leur organe encéphalique ne réponde plus à aucun signal émit par une certaine entité qu’on nomme vaguement « raison ». Alors, tente de bouger sa nuque endolorie, tente de lever la tête du côté de la lampe de poche, plutôt que de celui qui pour elle représente la boîte à outil. Qui vomit sa ferraille rouillée sur le capot de la jeep. Aux objets sans doute très hétéroclites s’ils avaient attirés l’attention d’être tels que ces deux dingues. Inédits. Signifiant de toute façon quelque chose de très douloureux pour elle.
Elle préférait encore mourir de faim, de soif, d’isolement. De terreur, peut-être, lorsque dans le noir, les piles l’ayant lâchés, ses membres engourdis finiraient ne plus lui répondre. Et elle prendrait conscience de sa position, cherchant en vain à se réveiller de cet imprudent cauchemar.
« AH ! Je l’savais. La lampe de poche. J’en étais sûre. »
Elle jubile. Après tout, c’est ce qu’elle voulait. Même si Lambda, en son fort intérieur, est persuadée qu’Irina aurait préféré la tabasser. Tabasser les gens a tellement plus de saveur que les laisser crever bêtement. C’est au moins un plaisir, un passe-temps utile, un défouloir pour relâcher la tension nerveuse accumulée.
Rembrandt se relève. Et se dirige vers les voitures, laissant seule Irina là.
« On la ligote, et on exhausse ses dernières volontés, donc ? demande Irina. »
Vaguement déçue, il lui semble. Mais sitôt que Rembrandt a le dos tourné, Irina s’accroupit à ses côtés, tandis plus un membre ne répond. Son sourire s’élargit. Elle lâche sa serpette, et, se mordille la lèvre inférieure de jubilation.
« Tu ne sens plus tes membres, mon chou ? Oh … pardonnes-moi, sincèrement. Je n’y pouvais rien. C’est Rembrandt qui le voulait. Mais j’ai tout calculé, ne t’inquiètes pas. »
Clin d’œil.
« Tu seras en possession de tous tes moyens physique quand tu seras là-dessous. N’ai aucune crainte à ce sujet. Tout cal-cu-lé. Méticuleusement. Cependant … Théoriquement, il a dit qu’on n e devait pas t’abimer. Le seul souci, c’est que je suis venue régler des comptes, moi. Je ne veux pas repartir le ventre creux, tu comprends bien ça, Carm'. Tu n’es quand même pas si bête, toi. Pas vrai ? »
Et Irina se redresse subitement, d’un bond. Comme rappelée à l’ordre par une gouvernante imaginaire lui dictant un peu plus de self-control et un débit un peu moins trash. Elle s’en retourne, toute fragile et légère, dansante et mutine, et galope vers son beau fou. Avec lequel elle semble alors entretenir une discussion animée. Et lorsqu’Irina revient vers la gisante, toute rose et essoufflée, atterrissant comme un pétale de rose à ses côtés, et avec une vivacité suintante de sadisme. Lui glisse à l’oreille, une parole sans malice.
« La lampe de poche, il te l’a accordé. Mais moi, il m’a dit, le bras gauche, tu peux. Ne viens pas me dire que c’est moi qui suis sadique, n’est-ce-pas ! Il le sait pertinemment que tu es gauchère. Je ne lui ai pas proposé, minaude t’elle, tel un chat devant une friandise sucrée. »
Irina. Hihihi ! C’est son rire, qui sort de sa gorge blanche et fraiche, tandis que sa figure à elle est pleine de boue, de terre ingrate.
« Dis-toi que c’est de bonne guerre. »

Mais c'est qu'il faudrait tâcher de comprendre d'où sort cette saynète quelque peu trash et désagréable à l'oeil autant qu'à l'ouïe. La petite pustule est à vrai dire une vraie sadique, à l'esprit quelque peu tortueux et torturé. Prennant son pied devant la télé grésillante, pour peu que celle-ci laisse entrevoir l'un ou l'autre bout de chair putride. En vérité, la crapule s'est trouvé, il y a quelque temps de cela, deux compagnons, Rembrandt et Irina, pour assouvir ses désirs pulsionnels de sang. Et ce, sur un grand terrain de jeu nommé la City. Dans leurs sombres délires, l'enfant ne s'est toutefois pas aperçue, une bonne fois pour toute, que ces jeux finissaient par irriter les grandes personnes sérieuses et intouchables. Voire même qu'à vrai dire elle n'était qu'un pion, un joujou entre les mains de deux mystiques manipulateurs échevelés. Quoi qu'il en soit, quelque soit le mensonge qui s'accroche à ses lèvres, il s'est passé quelque chose. Une chose terrible dont elle n'a qu'un souvenir confus et inutile. La troïka s'est brisée net, et voici que maintenant la pifgalette a pour ultime but dans la vie l'élimination de ces êtres exécrés : une initiation à la consommation de la mort. Il est bien dit qu'elle veut en faire son métier.

Lambda tente de relever la tête, mais retombe immédiatement, son front se cognant avec rage contre une plaque de contreplaqué qu’on a du poser là il y a peu. Ses cheveux sont plaqués à ses tempes. Sa peau moite semble s’engluer dans son petit caisson, mais, dans ses mains fébriles, croisées sur sa poitrine comme dans un précieux conte de fées, se tient l’objet salvateur, l’objet qu’elle a choisit. L’objet supposé éclairer son agonie lente et suffocante. Puis un bruit vient marteler son crâne. Comme si on enfonçait une série de clou dans sa tête ? Et le bruit s’en va croissant, en même temps que la lumière décline, à l’intérieur de son sarcophage angoissé, petite poupée enrubannée dans du chatterton. Reprenant sans doute enfin conscience après une longue période d’absence. Ou de lâche amnésie. Son t-shirt, tout hideux, tout crasseux, ce misérable torchon, cette loque grise désormais égayée par une série de ronds rouges, aux tailles variées. Et puis même son bras gauche, plus simplement, avait pris une très vilaine courbure, le creux du coude ressemblant déjà d’avantage à un tas de chair ramassées, pétries. Le tout s’auréolant d’une couronne violacée.
Un nouveau coup. Qui lui explose scrupuleusement les tympans. Et le peu de lumière qui lui reste s’émiette encore un peu, et l’obscurité grignote tout espoir de rédemption. De vie. De survie. Et de nouveau, ils enfoncent un clou dans le bois qui grince et se démène. La captive tente de remuer les bras, mais ses articulations léthargiques semblent ne pas vouloir s’éveiller de ce coma qui pourrait bien devenir létal. Seuls ses nerfs ont le mauvais esprit de rester bien vigilants et de lui transmettre dans un afflux constant et outrageusement précis la situation de chaque parcelle de son pauvre corps. Depuis ses pieds, engoncés dans leurs bottes ; la corde qu’elle sens au travers du cuir des chaussures ; son jean qui semble être une deuxième peau, elle aussi hérissée ; ses poignets scotchés, et surtout le gauche, massacré, torturé, tordu. D’ailleurs, les ongles de sa main droite sont pleins de terre, de boue, et peut-être de morceaux de peau ? Puis son cœur, son petit cœur tout endolori, lui aussi, cabossé et irrité. Qui s’anime et s’emballe sans commandement tant il a la trouille. Et il semble même avoir gardé la trace d’un baiser sur la joue gauche. Baiser maternel –ou paternel ?- de l’adulte qui voit son poussin d’enfant adoré quitter la demeure pour un très long voyage, très loin de la maison, très périlleux aux yeux des parents.
Pourtant, tous crépitant de larmes que soient ses yeux, Lambda ne lâche pas un gémissement, ne desserrant les dents que pour inspirer l’air qui semble devenir moindre, à chaque seconde.
Plus un clou. C’est le troisième, qui rogne et mord le caisson. Son caisson. Qu’elle aurait imaginé cependant avec un peu de velours violet, dans lequel le sommeil éternel aurait au moins eu l’avantage d’être luxueux.
Plus un clou, qui bouffe avec voracité son dernier et minuscule coin de paradis. Des voix s’entrechoquent dans sa tête, et qui lui semble sur le point d’imploser, mais toujours, elle se mord les lèvres jusqu’au sang, pour ne pas exciter un peu plus leur folie en jappant un faible appel à l’aide. Ou un simple gémissement paralysé de frayeur. Puis, lorsqu’enfin elle se retrouve dans l’obscurité la plus ferme, elle entend un sifflotement gaillard, et une voix de crécelle. Un choc, et le couvercle de son cercueil qui vibre à chaque fois qu’ils envoient un peu plus de terre valdingué sur ce capot de bois. Et sanglote alors, incapable de se contrôler, tentant de se recroqueviller, en vain, toujours pieds et mains liés, raide et rigide jusqu’au dernier moment. Dommage. Elle se serait volontiers fichu une claque. Mais ne parvenant pas à se calmer, elle décide alors d’allumer la lampe torche. Dont la lumière pisseuse ne parvient pas à apaiser les spasmes de son corps anguleux, lui arrachant tout juste un soubresaut de plus.
Ses pupilles se dilatent et scrutent les quelques centimètres carrés qui planent au dessus d’elle, cieux improbables, irrésistiblement annonciateur d’une sorte de châtiment divin.
Abyme larmoyant et pourrissant sous l’haleine fétide de la Mort. Où cela la mènera-il ? Elle n’en a pas la moindre idée. Pas plus qu’elle n’a idée des durées, des secondes, des minutes qui s’écoulent. Ni même combien de temps la pile tiendra encore, et lui délivra la seule source de vie qui lui reste encore. Il s’est déjà peut-être passé 4 heures, plus ou moins, et maintenant ce sont ses entrailles qui s’égosillent et clament leur faim. Tout, dans son corps se déstructure ; plus rien ne voulant obéir à une quelconque raison, ordre ou organe susceptible de fédérer ses maigres forces. Son âme se repend, et sanglote lamentablement, sans courage ni hargne, penchée lascivement sur les souvenirs de ces dernières 72 heures. Son cœur batifole, s’amuse à lui offrir de belles frayeurs. Et tous ses muscles semblent vouloir se pétrifier, pour se dérober à se qui s’annonce être l’ultime combat ?
Tout ? Sauf, peut-être, sa jambe gauche, qui frétille dans un soubresaut. S’anime et gigote avec la ferme intention de redonner un peu de volonté à ce petit corps duveteux. Elle a envie de sortir de ce cachot, mais n’en sait encore rien. Quand une idée enfin l’effleure très légèrement.

Alors la fille dépose la lumière salvatrice sur son bedon frissonnant, et, toutes griffes dehors, tente de se déchausser, d’extirper ses bottes qui étouffent ses pieds malgré la fraîcheur. Ces mêmes bottes dans lesquelles, ingénieusement camouflé, gît un petit objet métallique. Tranchant de préférence. Et qui s’exhibe avec des airs de Deus ex machina, quelque peu pompeux, mais terriblement bienvenu. D’un mouvement redondant, cherche à se débarrasser de la botte, à glisser ses chaussettes hors du cuir, et ce, d’une façon suffisamment délicate pour éviter que l’objet argenté ne s’éclipse dans un coin ténébreux du cercueil.
Haletante, au bout de minutes qui lui semblent des heures en plus, perdues, évaporées, évanouies dans la densité obsédante de la mort, elle parvient à faire glisser son pied hors de la botte, libéré maintenant de l’impedimenta majeur que constitue la corde. Ou ficelle de cuisine, tout compte fait ? Elle ne sait. Son pouls s’agite, à mesure qu’elle se tortille et se dandine en repoussant les litres d’air, se cabre, fait des folies. Le sang monte à son crâne et menace de lui faire perdre connaissance, tant la tension accumulée fouette son anxiété. Sans répit. Mais elle y parviens. La botte glisse le long de son flanc épuisé. La bête ne crèvera pas encore, songe la fille avec un instant de gloire. Elle se retourne, tente de se mettre sur le côté pour pouvoir approcher ses mains liées de la botte, et trifouiller à l’intérieur de celle-ci. Quand bien même les échardes s’enfoncent à travers le tissu, à chaque fois qu’elle étend les mains plus profondément à l’intérieur de la botte. Et elle ne parvient pas à attraper l’objet. Panique. S’affole complètement. Tente les mains, mais ne parvient pas à agripper la chose, à la saisir entre ses doigts pour la retirer de son gouffre saturé du musc de la peur.
Ses pupilles se dilatent encore un peu plus, et il lui semble que sa conscience va bientôt être annihilée. Ce n’est qu’une question de minute. Un ange, un spectre est tapi à quelques mètres d’elle, elle qui ne peut le voir, tout juste sentir sa mélique présence surnaturelle. Mais elle se refuse à un tel destin.
Dans un ultime élan, elle retirer la lime rouillée de la botte, sans pouvoir s’empêcher de l’accueillir d’une moue légèrement boudeuse. Une lime ne suffirait qu’à la libérer de ses liens. Ne serait cependant jamais suffisant pour défoncer la plaque de bois, toute fine qu’elle la supposait. Ses mains tremblotantes s’approchent avec l’objet sacré, des lèvres entr’ouvertes de Lambda, qui, sitôt à portée, s’empresse de vouloir de happer entre ses cros.
Trop de précipitation. Il tombe.
Elle n’a plus la force de jurer. Se demande, encore toute fébrile, où il est passé, sans plus regarder autre chose désormais que la plaque de bois contre ses pieds. C’est par là qu’il va passer. Par où le pourrait-il ? Quoi de plus sournois que de la prendre par surprise ?
Quand, enfin, elle sent l’objet entre ses quenottes, elle referme ses mâchoires sur ce mors improvisé, et se met en devoir de limer les cordelettes qui étranglent ses poignets. Avec toujours, un regard superstitieux vers le fond du caisson.







Dernière édition par Lambda C. Clayfinger le Sam 15 Jan - 18:04, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Lambda C. Clayfinger   Lambda C. Clayfinger I_icon_minitimeSam 15 Jan - 17:42

Lambda C. Clayfinger

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Lambda C. Clayfinger

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→ CITOYENNETÉ DEPUIS : 15/01/2011




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Soupir exalté lorsque l’emprise de la ficelle se relâche et que ses poignets embrassent l’air impur.
Alors reviens éclabousser son visage une vieille histoire. Si inutilement vaine. Et pourtant.
Lambda, poupée de verre, imagine t’elle aujourd’hui. La pointe de ses doigts s’aligne sur une ligne imaginaire perpendiculaire au bois du caisson. Ensuite. Avec une vivacité inouïe, elle resserre son poing et l’envoie valdinguer sur la paroi. Qui ne bronche pas. Mais ses jointures ne tarderont pas à demander grâce.
Elles ne comptent pas, sages soldats disciplinés.
La fille réajuste la lampe de poche. Son regard ténébreux se fige, se durcit, et désormais ne plane plus que ce point qu’elle a choisit pour se frayer un chemin. Qu’importe l’issue ?
Une fois de plus, elle aligne la pointe de ses doigts. Le choc lui rappelle l’impact des clous, qui pourtant lui semble si lointain, désormais. Ou si proche ? Peut-être était-ce tout à l’heure. Le bois est tâché de sang, et des échardes s’enfoncent entre ses cartilages et se glissent imperceptiblement dans sa chair. Comme dotés d’une vicieuse intelligence qui les guiderait le plus proche possible de ses nerfs. Pour les faire craquer. Exploser. Les défoncer, et vaincre la poupée de cristal.
Elle frappe. Maintenant, le sang gicle et s’étale vulgairement sur son t-shirt. Ce n’est pas grand’chose, juste suffisant pour lui rappeler que toute coriace qu’elle soit, elle est toujours vulnérable. Triste chose affligée, qui n’a pas même la force de pleurer.
Elle frappe. Cruelle horloge, clepsydre infernal ou peu s’en faudrait.
Elle frappe. Et le temps imparti s’écoule. Son bras gauche gît, paralysé, inerte, d’une totale inutilité, encore grinçant du rire d’une certaine folle. Tout déformé. Il aurait pourtant été bien important.
Elle frappe. Une nouvelle unité de temps s’impose à son esprit, dans cette dimension où il lui semble d’ailleurs que la lumière fléchit. Et soudain s’éteint. Elle voudrait rouvrir les yeux, mais seul le filament grillé lui indique la véritable nature de cette obscurité.
Elle frappe avec une rage décuplée, quand soudain son poing transperce avec une force fulgurante le bois, fait voler en éclat le cercueil. Le noir s’engouffre et pèse sur sa poitrine, s’entasse. La fille a juste le temps de voir … ou croit voir ? une apparition vers ses pieds. Un bras blafard qui s’étend et s’enroule comme un serpent le long de son mollet. Caresse obscène venue d’un autre monde. Sa peau frissonne, mais elle trouve encore la force affolée de s’extirper de sa fosse.
**
*
Entre les racines de la tombe de Violetta Rancorth-Smith, un joyeux tumulte semble précipite un dangereux éboulement. Oh, il est bien vrai que ce cimetière n’a pas bonne presse, que quelques gothiques éthérés y tiennent des cérémonies particulièrement trash. On dit même diabolique. Je n’ajouterais aucune foi à de tels témoignages.
Pourtant, le citronnier crevé tenant compagnie à la-dite Violette éplorée remue comme un beau diable. Quand soudain, une main émerge de la terre, telle celle d’un zombie, avec une force détonnante ; et le soupir rauque du monstre retentit dans la nuit claire.
AH ! Violetta Rancorth-Smith était revenue d’entre les morts. Nul ne saurait dire si il s’agissait là de l’œuvre de ces quelques goths déjantés. Mais il est certain qu’on leur fairait porter le chapeau.
Bientôt son visage en sang émerge. Ses cheveux fangeux, sa démarche de zombie, sa peau pâle ; tout y était, bien sûr, pour en arriver à la conclusion vénéneuse dont se nourrirait une bonne femme du coin. On raconte qu’il y a beaucoup de sorcière par ici. Brrr.

Et lorsque son corps déformé fait un pas, le monstre sanglant semble cependant hésiter, encore bancale, incertain du témoignage de ses sens absurdes et trompeurs. Qui va-t-il manger pour le souper ? Qui va-t-il mordre pour rejoindre son éternel cavale damnée ? AH AH AH !
Il ne le sait, se contente de rire d’une façon démente, dans la nuit noire, la bouche écumante de rouge.
**
*
Qui avait bien pu avoir l’idée de construire un cimetière à des kilomètres de toute civilisation ? L’aurore aux doigts roses lèche la fille, s’introduit dans ses plaies et examine, consciencieux médecin, et cherche un diagnostique.
Mais son regard voilé rencontrera bientôt une bicoque de bois. Peu fréquentée, bien évidement. Elle va y mettre les pieds. Il la regardera d’une façon intrigué ; lui demandera si elle a besoin d’aide. Elle lui dira bonjour. S’excusera de son état. De sa grande fatigue. Mais elle a eu un accident. Un terrible accident. Et aurait besoin de passer deux coups de téléphone. Il va lui indiquer un engin préhistorique, de l’autre côté de la baraque. Va la suivre du regard. De peur qu’elle ne tombe dans les pommes. Mais elle fera un signe de la main, encourageant.
Ses appels seront destinés à trois numéros distincts.
Pour le premier, elle hésitera. Et sur la messagerie à la voix traînante, elle laissera le message suivant : « Salut, Edna, ça va ? Ecoute, c’est Alice, j’ai eu un petit empêchement pour hier soir, mais ne t’inquiètes pas, je vais bien. » Elle n’a pas d’ami. Personne qui l’attende.
Et le suivant, ce sera un garçon qui décrochera. Voix terriblement suave. La voix d’un arnaqueur, songe t’elle. Elle jettera un regard en arrière pour voir le vieux pitonner grassement sur les touches de son téléphone portable. Un numéro court, très très court. Qui ne peut rien augurer de bon.
« Kaeso, ramènes-toi. J’ai besoin de toi. Et dépêches-toi. »
La voix lui demandera sa localisation, qu’elle donnera sans broncher. Puis, sans raccrocher, la fille changera de direction, laissera le combiner pendre comme un torchon sale. Désignera, sur le comptoir de l’homme, un verre contenant une substance blanche. Lait de chèvre ? Demandera t’elle. Il acquiescera avec un sourire gêné. Elle se rappellera de sa longue nuit, et lui sourira plaisamment, éructant une nouvelle question sans sens apparent. Vous avez appelé la police ? Il ne répondra pas.
Dans le combiné, le dénommé Kaeso va l’appeler. Mais n’entendra pour réponse que le bruit sourd d’un corps. Et bris de verres.
Il va l’appeler une fois de plus.
« Bouges ton cul, j’ai besoin de toi. »
Elle raccrochera. Fermera la porte derrière elle, et attendra qu’une voiture rouge se présente dans un vrombissement gouailleur.
Crétins.


PARTIE II :
Pif ! Coup de coude. Crack ! Un os qui lâche. Arg ! Ciseaux de la mort. Repif ! Bam !
Pas d’histoire, et juste une beauté machiavélique se promenant dans un décor macabre. Ce qui est étonnant, bien évidemment, c’est de savoir que celle-ci ne retient pas les leçons qu’on lui donne, et ce, quoi qu’on fasse.
Elle aurait pu devenir beaucoup de choses, mais c’est un objet qu’elle est devenue.
Bang ! Appuie sur la gâchette.
Slouich. Ce bruit de scission si caractéristique du coulissement fluide d’une articulation qui glisse hors de ses charnières. Arg ! Un muscle qui se raidit et refuse de bouger. Paf !
C’est qu’il serait temps de jeter un dernier regard objectif sur cette saynète quelque peu trash, et, peut-être d’échafauder un plan, puisqu’après tout, en y songeant bien, il n’y a pas qu’un adversaire. Mais en vérité, il y a sûrement un serpent, caché dans un placard. Oh, non, finalement, ça ne la dérange pas tant que cela, de se prendre une barre de fer dans le crâne. Elle n’a jamais espéré une « belle mort ». L'unique problème, c'est que c'est devenu un boulot. Il faudrait donc trouver un angle d’attaque tout autre. Un coup de talon ferait sans aucun doute le plus grand bien, mais elle ne se sent plus la force de lever ses pattes graciles, qui sont désormais lourdes et tremblotantes. L’agnelle regarde la brebis galeuse, la tête légèrement penchée de côté. Trouble auditif, songe mécaniquement la fille. Il faudrait s’en servir. Alors Lambda se rue sur l'homme, et frappe du côté de sa main, la base des oreilles du fou. Qu’elle sent tituber un instant, avant qu’il ne riposte, désorienté tout de même, d’un coup de point dans ses fragiles côtelettes fêlées. Bing ! Le score s’éternisant en un agonisant match nul. Ou chaque point est méthodiquement rééquilibré, sans pitié.
Ses mains tatillonnes attrapent brutalement ce qui ressemble à une chevelure, mais aveuglée par le goût du liquide si attendu, elle n’est plus tout à fait sûre de ce qui est. De ce qui devrait être. De ce qui sera. Dôté néanmoins d’une surprenante clairvoyante éthérée et mystique, il lui semble être guidée par une ivresse incroyablement vigoureuse. Elle tente de rapprocher la crinière de son visage, sentant aussitôt la pression de doigts s’enfoncer au niveau de ses cordes vocales, qui, par intermittence, émettent quelques cris rauques et furtifs. Lambda lâche de ses griffes alors immédiatement les cheveux du blondinet, qui glissent le long de son visage, comme pour lui délivrer une longue étreinte amoureuse. Qui, hélas, n’a jamais pour but que d’atteindre ses yeux à lui. Mais elle perd prise, tout d’un coup, et dérape, et le visage se dérobe, tandis que les mains sont toujours collées hystériquement sur sa peau blanche. La scène, déjà vaguement floue, commence à voguer autour d’elle.

Où elle est, voici un détail qui n’a aucune importance. On pourrait, à l’œil nu, dire volontiers que c’est une salle. Une salle désaffectée. Cependant, quelques aménagements indiquent clairement que dans cette salle se réunissent régulièrement des gens. De larges poutres s’élèvent jusqu’au plafond et soutiennent la voûte qui commence pourtant à se fendiller. Et le ciel risquerait fort de leur tomber sur la tête, quand bien même ils se trouvent dans l’un des établissements de Dieu. Une petite chapelle, qui a eût bien des fonctions, mais rarement celle d’abriter les agneaux miséricordieux d’un Dieu clément. Et c’est là, en les bancs défoncés, au milieu des colonnes décrépies que s’affrontent Clayfinger et un sbire d'elle-ne-sait-trop-qui. On lui a demandé de lui bousiller la cervelle. Ils n’ont aucune idée de l’issue du combat.
Chose, après tout, si insignifiante. Peu importe la fin, seule comptant la manière d’y arriver.
Il trébuche, et tente de se rattraper sur une rangée de prie-Dieu, alignés là avec ironie. La fille fonce, tente de saisir cette si sublime occasion, et s’agrippe à la jambe de celui-ci, pour avoir peut-être, le privilège de pouvoir défoncer sa rotule. Mais une ruade arrache un cri désespéré à son épaule. Que jamais son cerveau n’entendra.
L'alchimie est à vrai dire assez simple.


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